Illustration d’un golfeur en position d’adresse, avec des flèches indiquant les trois zones d’ancrage de la méthode Wright Balance : "Upper core", "Mid core" et "Lower core", accompagnée du portrait du Dr Wright.La méthode Wright Balance identifie trois zones d’ancrage corporelles – haut, milieu et bas du tronc – censées optimiser posture et performance selon la morphologie de chaque golfeur. Une approche biomécanique encore controversée.

Un nombre croissant d’enseignants s’accorde aujourd’hui sur un constat : l’enseignement standardisé du golf, inspiré des élites athlétiques, ne s’adapte plus à la majorité des joueurs. Face à ce désajustement, une méthode, pourtant peu médiatisée, prend de plus en plus d’ampleur. Fondée sur la biomécanique et le respect de l’équilibre naturel du corps, la méthode Wright Balance, développée par le Dr David Wright depuis les années 1990, n’a jamais été aussi pertinente qu’en 2025. Elle ne se contente pas de corriger des fautes : elle identifie, pour chaque joueur, le style de swing qui lui est biomécaniquement destiné.

Mais après plus de trente ans de recherches et d’applications, où en est-on vraiment ? Pourquoi cette méthode reste-t-elle encore marginale malgré ses résultats cliniques et pédagogiques ? Et comment explique-t-on que, dans une époque obsédée par les datas, un concept aussi mesuré scientifiquement soit encore si peu connu ?

Un socle scientifique bâti sur trois décennies

Tout commence dans les années 1990. Le Dr David Wright, doublement diplômé en psychologie et en sciences biomécaniques, remarque que la posture d’un golfeur change significativement dès qu’il saisit un club. Intrigué, il multiplie les tests : il fait varier la taille du grip, la largeur du stance, mesure la rotation des hanches, observe la répartition du poids sur les pieds.

À l’aide de capteurs de mouvement, de plateformes de pression et d’une équipe de spécialistes du sport (dont le Dr Frank Jobe, pionnier de la chirurgie reconstructive chez les athlètes), il développe une théorie fondée sur la zone dominante du tronc (Core Zone).

Le principe est simple, mais révolutionnaire : chaque personne possède une zone biomécanique de puissance dominante, déterminée par sa structure osseuse, sa mobilité articulaire et son centre de masse. Cette zone peut être :

  • Upper Core (antérieure) : posture droite, poids vers l’avant, mouvement initié par les bras, grip plus neutre.
  • Mid Core (intérieure) : équilibre au centre du pied, mouvement coordonné bras-corps, swing symétrique.
  • Lower Core (postérieure) : poids sur l’arrière du pied, forte rotation des hanches, grip fort, stance large.

Chaque Core Zone produit un chemin de club, un type de release, un timing, un contact au sol et une biomécanique propre. Ignorer cela revient à vouloir faire courir un sprinter avec les chaussures d’un sauteur à ski.

2023–2025 : des évolutions décisives

La période 2023–2025 a vu l’introduction de nouveaux outils rendant la méthode plus accessible et précise.

1. Wright Balance Express : quatre exercices pour rééquilibrer le corps

Le “Wright Balance Express” est un programme d’exercices courts mis au point fin 2023 pour corriger les déséquilibres posturaux en moins de cinq minutes.

En agissant sur les plans sagittal et transversal, ils permettent de retrouver la symétrie du corps et de réinitialiser la posture naturelle. Ils ont montré une amélioration mesurable de la stabilité posturale et de la rotation chez des golfeurs amateurs de plus de 60 ans.

2. Balance Line Testing : la ligne d’équilibre comme outil de calibration

Depuis 2024, le “Downswing Path Test” permet d’observer, à l’aide d’un simple bâton d’alignement, si la descente de club respecte une ligne de force biomécaniquement neutre. Ce test révèle une corrélation directe entre déséquilibre pied-talons et trajectoire de club instable.

3. Tests alternatifs non invasifs

En 2025, une méthode douce, utilisant un bâton posé sur les hanches, permet de déterminer la zone dominante sans recourir au test de puissance classique (jugé parfois trop agressif pour les seniors ou les personnes blessées). Ce test est validé par les instructeurs et utilisé dans les formations à distance.

La pédagogie inversée : enseigner ce que le corps peut faire, pas ce qu’il “devrait”

Dans un enseignement traditionnel, on apprend au golfeur à « rester dans ses angles », « ouvrir les hanches », « retarder le release » ou encore à éviter l’“early extension”.

Or, selon les études de Wright Balance, ces prescriptions n’ont de sens que pour les Lower Core. Pour les Upper Core, l’extension précoce est naturelle, nécessaire, et même bénéfique. “C’est une poussée verticale, pas une faute technique”, rappelle le Dr Wright.

« Pendant 20 ans, j’ai enseigné des principes qui ne fonctionnaient pas. Depuis que j’utilise Wright Balance, mes élèves progressent vraiment, sans se blesser », avoue Larry Rinker, ancien joueur du PGA Tour et aujourd’hui formateur Wright Balance.

Cette inversion pédagogique bouleverse les fondamentaux de l’enseignement. Elle exige de l’instructeur qu’il renonce à ses automatismes — par exemple, ne plus corriger un joueur qui “saute” à l’impact si cela correspond à sa dynamique naturelle.

Cas concrets : les trois Core Zones chez les pros

David Wright cite régulièrement des exemples de joueurs de haut niveau pour illustrer les trois profils :

  • Upper Core : Colin Montgomerie, Phil Mickelson, Patrick Reed, Shane Lowry. Tous ont une posture plus droite, une rotation verticale, une extension à l’impact. Ils frappent avec les bras et les mains, avec un release rapide.
  • Mid Core : Rory McIlroy, Ernie Els, Collin Morikawa. Équilibre centré, grande coordination bras-corps, trajectoire de club neutre, stance moyen.
  • Lower Core : Dustin Johnson, Hideki Matsuyama, Tommy Fleetwood. Forte rotation des hanches, stance large, grip fort, libération tardive et très physique.

“Regardez où sont pointées les hanches de Tiger Woods en 2024 : elles sont face à la balle à l’impact. C’est un marqueur typique d’un Upper Core, pas d’un swing moderne ‘rotary’”, note Marc Ray.


Applications concrètes pour l’amateur

Pour les golfeurs amateurs — et notamment les seniors — les apports de Wright Balance sont nombreux :

  • Réduction des blessures : en évitant de forcer une biomécanique inadaptée.
  • Augmentation de la distance : en améliorant l’efficacité de l’utilisation du sol selon le core.
  • Alignement naturel du clubface : une ligne de force correcte permet un clubface square sans compensation.
  • Meilleur contact : la posture et la largeur du stance optimisent l’angle d’attaque.

Des outils comme le Balance Optimization Move (BOM) permettent même d’améliorer l’équilibre dès le setup, sans équipement sophistiqué.

Des résultats scientifiques solides, mais une adoption encore timide

Les recherches menées en laboratoire montrent que la ligne de force entre les pieds prédit à 100 % la trajectoire du club. Des études sur des centaines de joueurs, menées entre 2017 et 2024 avec Swing Catalyst, confirment que chaque core zone utilise le sol différemment, et que les performances augmentent quand le swing respecte ce schéma.

Malgré cela, Wright Balance reste sous-exploitée, faute de marketing grand public. Pas de tutoriels viraux, pas de figures médiatiques sur le PGA Tour, pas d’app mobile. L’équipe Wright Balance préfère publier des ebooks, mener des formations dans 16 pays, et accumuler les validations cliniques.

“Ils sont meilleurs en science qu’en communication”, plaisante Marc Ray.

Conclusion : une révolution en attente d’adhésion

Wright Balance en 2025, c’est un paradoxe : une méthode fondée sur plus de 30 ans de science, documentée, testée, validée… mais encore marginale. Son approche individualisée pourrait représenter un changement de paradigme pour l’enseignement du golf — à condition que les enseignants acceptent de sortir des dogmes hérités du passé.

Avec l’arrivée de technologies plus accessibles (capteurs de pression bon marché, outils d’analyse posturale en ligne, IA biomécanique), la méthode pourrait connaître un tournant. La question n’est plus de savoir si Wright Balance fonctionne — c’est prouvé. La question est : le monde du golf est-il prêt à enseigner ce que le corps peut réellement faire, plutôt que ce qu’il devrait ?

Le swing parfait n’existe pas. Mais le swing parfaitement adapté à vous, lui, pourrait bien exister. Et il commence peut-être par trouver votre Core Zone.

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