
Ils avancent en marge, un peu comme ces squales qui croisent sous la coque d’un paquebot : invisibles pour certains, inquiétants pour d’autres, mais terriblement présents à l’heure où la lumière décroît. Jon Rahm et Bryson DeChambeau débarquent au dernier tour du PGA Championship 2025 auréolés d’une identité nouvelle — celle des transfuges du LIV Golf, ces “renégats” que la planète fair‑play regarde volontiers de haut — et pourtant, ils constituent dimanche les deux épées les plus affûtées susceptibles d’écorcher le plan de vol de Scottie Scheffler. Le décor, déjà théâtral, est planté sur un Quail Hollow tiré à 6 960 m (par 72), balayé depuis trois jours par un vent capricieux qui transforme chaque position des drapeaux en casse‑tête mental. Souverain sur le “moving day” grâce à cinq derniers trous joués en ‑5, Scheffler a collé un 65 (-6) sur sa carte — un moissonnage de 5,2 strokes gagnés qui l’a propulsé trois coups devant Alex Noren et, surtout, cinq devant Rahm, six devant DeChambeau.
On pourrait s’en tenir là : chronique d’une victoire annoncée pour un numéro 1 mondial dont la régularité vire à la tyrannie. Mais les histoires de golf se nourrissent d’angles morts, et ceux‑ci s’appellent Rahm et DeChambeau, deux ogres séparés par le style mais unis par la même faim de rédemption.