Un paradoxe silencieux s’installe au sein des club-houses de France et de Navarre : alors que le corps change, que la puissance décline et que l’amplitude se réduit, nombre de golfeurs continuent à poursuivre le draw comme s’il s’agissait d’une quête identitaire. Pourtant, un coup moins exigeant physiquement, plus contrôlable, souvent plus efficace dans les conditions de jeu réelles leur tend les bras : le fade. Moins glorieux peut-être sur le plan esthétique, il pourrait pourtant représenter la clé d’une longévité golfique sereine et plus compétitive. Faut-il alors inverser nos repères et voir dans le fade non plus un « plan B », mais une trajectoire idéale pour les plus de 50 ans ? Cette question, loin d’être anodine, renvoie à une redéfinition plus large du rapport au jeu, à la performance, et au plaisir sur le parcours.
Historiquement, le draw bénéficie d’une image flatteuse. Il évoque la puissance maîtrisée, une forme de virtuosité dans la capacité à courber la balle vers la gauche pour un droitier, à aller chercher quelques mètres supplémentaires grâce à une trajectoire plus tendue et roulante.
Les manuels de golf et les conversations de club-house entretiennent ce prestige : un draw bien exécuté est souvent synonyme de « beau coup ».