
Le green se vide. Pas partout, pas toujours. Mais l’élan né de la Ryder Cup 2018 et ravivé par le confinement de 2020 semble avoir trouvé sa limite. En 2024, la Fédération française de golf (FFGolf) a enregistré une baisse de 0,62 % du nombre de licenciés, soit 2 770 joueurs en moins. Une baisse modeste sur le papier, mais qui intervient après une année déjà stagnante et dans un contexte où les autres disciplines, à commencer par le padel, explosent. Pendant que les clubs de padel doivent refuser du monde, les golfs, eux, tentent de retenir les joueurs. Comment expliquer ce désamour progressif ? Est-ce seulement une affaire de météo, comme certains le laissent entendre ? Ou faut-il interroger plus en profondeur le modèle, l’image et les choix stratégiques d’un sport qui peine à se réinventer ?
Le golf, autrefois symbole d’élégance et de réussite sociale, semble aujourd’hui mal adapté aux aspirations d’une partie croissante de la population. « Notre sport est en ce moment un peu moins désirable », reconnaît un directeur de golf dans l’est de la France, sous couvert d’anonymat. Il évoque des clubs qui peinent à remplir leurs départs, des boutiques spécialisées aux ventes en berne, et une clientèle qui vieillit sans véritable renouvellement.
Les chiffres sont éloquents. En 2024, la France comptait 442 536 licenciés à la FFGolf. C’est loin des sommets atteints par les pays anglo-saxons : le Royaume-Uni approche les 1,5 million, les États-Unis dépassent les 25 millions de joueurs réguliers. Surtout, ces pays ont vu leur pratique progresser depuis la pandémie. Selon la National Golf Foundation, les États-Unis ont enregistré une hausse de plus de 6 % de la fréquentation des parcours depuis 2020. En France, malgré une embellie post-Covid, la dynamique semble cassée. La guerre en Ukraine, la pression inflationniste, mais aussi une forme de transformation des loisirs ont freiné l’élan.