Vijay Singh incarne l’image d’un golfeur à la détermination inflexible. Né dans une petite île du Pacifique, il est parvenu à gravir les échelons d’un sport souvent perçu comme élitiste et réservé à une certaine caste. Pourtant, malgré ses trois victoires en tournois majeurs et sa place d’ancien numéro un mondial, Singh n’a jamais bénéficié de la reconnaissance publique à la hauteur de son palmarès. Son histoire, marquée par des controverses, un travail acharné et un talent incontestable, méritait d’être racontée dans ses moindres détails.
Des débuts modestes et des défis précoces
Singh naît le 22 février 1963 à Lautoka, aux Fidji, dans une famille modeste. Son père, technicien aéronautique, l’initie au golf dès son plus jeune âge. Mais dans cet archipel isolé, les terrains de golf sont rares et les équipements encore plus. Singh doit improviser. Les noix de coco deviennent ses premières balles et son frère Krishna, lui aussi aspirant golfeur, son premier partenaire d’entraînement.
Son prénom, Vijay, signifie « victoire » en hindi — un présage qui se vérifiera tout au long de sa carrière. Cependant, son parcours n’a rien d’une ascension linéaire. Singh quitte les Fidji à l’adolescence pour poursuivre ses rêves, d’abord en Malaisie, puis sur les circuits asiatiques. C’est à cette époque qu’il est frappé par une controverse qui le marquera à vie.
En 1985, Singh est accusé d’avoir falsifié un score lors d’un tournoi sur le circuit asiatique. Bien qu’il nie avec véhémence, il est banni à vie. Cet épisode jette une ombre sur sa réputation et le pousse à l’exil. Singh trouve refuge en Afrique, où il enseigne le golf à des bûcherons et à des chauffeurs poids lourds pour survivre, tout en continuant à participer à des compétitions mineures.
Cette traversée du désert façonne son éthique de travail. « J’ai appris à me battre pour chaque opportunité », confie Singh des années plus tard.