
Il y a quelque chose d’à la fois déroutant et fascinant dans le swing de Gordon Sargent. Le jeune homme, étudiant en économie à Vanderbilt, n’a ni la stature intimidante d’un Bryson DeChambeau ni l’allure musculeuse d’un Cameron Champ. Et pourtant, à 20 ans, pour un poids de 77 kilos, il envoie sa balle au drive à près de 350 mètres avec une aisance qui bouscule les dogmes établis sur la puissance au golf. Alors que certains dénoncent une crise existentielle du jeu, lui incarne peut-être la synthèse d’une nouvelle ère, celle où la science et la biomécanique prennent le pas sur les stéréotypes physiques.
Son drive lors du championnat universitaire américain NCAA 2022 reste emblématique : sur un par-5 de 475 mètres, Sargent frappe un drive de 347 mètres, laissant une simple approche au wedge. Le geste semble simple, presque fluide. Mais derrière cette apparente facilité se cache une ingénierie corporelle millimétrée : c’est ce que les spécialistes nomment « l’X-Factor ».
Théorisé par Jim McLean dans les années 90, le concept d’X-Factor désigne l’écart angulaire entre la rotation des épaules et celle des hanches au sommet du backswing. Plus cet angle est élevé, plus la torsion musculaire est importante, et plus le potentiel de restitution d’énergie cinétique devient explosif.