Il y a des hommes qui bâtissent des routes, des villes, des empires. Robert Trent Jones Sr., lui, a bâti des rêves. Des rêves verts, vallonnés, semés de pièges et de promesses. Des rêves qui ondulent sous les brises océanes, s’étirent entre les montagnes ou s’élancent au bord des lacs. On dit de lui qu’il n’a pas simplement dessiné des parcours de golf, mais qu’il a sculpté des paysages avec l’œil d’un peintre, l’oreille d’un compositeur, et la rigueur d’un stratège militaire. Ceux qui ont foulé l’un de ses chefs-d’œuvre vous le diront : on ne joue pas un parcours de Trent Jones, on le traverse, on le vit. Comme une forêt dense où l’on s’égare volontiers, comme une œuvre d’art dont chaque trou serait un vers, chaque green une strophe.
Un architecte du sentiment
Il aimait dire : « Ce n’est pas au joueur de plier le parcours à son jeu, mais à son jeu de s’adapter à la nature du lieu. » Il n’y avait rien d’accidentel dans ses dessins. Chaque bunker, chaque monticule, chaque orientation face au vent avait une raison d’être. Chez Jones, la beauté ne se dissocie jamais de la stratégie. Ses parcours sont des échiquiers géants où le golfeur devient poète, funambule, parfois soldat.