Au golf, souvent, la plupart des acteurs (médias, enseignants, fabricants) aiment bien les titres racoleurs du type « Comment gagner 50 mètres au drive ». Effectivement, tous les golfeurs aimeraient ajouter de la distance depuis le tee de départ. Récemment une vidéo diffusée par un média devait démontrer la performance d’un nouveau driver, et notamment un gain de vitesse de balle important. A l’écran, on pouvait voir que le cobaye (un golfeur professionnel) avait au passage surtout notablement augmenté sa dispersion. Gagner de la distance ne vous apportera pas nécessairement un gain sur la carte de score, si au passage, vous dispersez vos drives de plus de 25 mètres à gauche ou à droite du fairway. Quand on veut baisser son index, par quoi faut-il commencer ?
Si beaucoup d’amateurs de golf ont vu dans le développement de l’Internet, une opportunité d’accéder à du contenu, et des conseils, sans passer par la case d’un enseignant de golf, le problème aujourd’hui est qu’il y a tellement d’informations, et au passage, pas mal de charlatans, que la confusion règne, pour comprendre ce qu’il faut mettre en place, pour réellement progresser, et ne pas plafonner ou perdre du temps.
Gagner de la distance au drive ne devrait pas être notre préoccupation première, ou en tout cas, pas tant qu’un autre étage de la fusée ne soit correctement installé : Le contrôle des trajectoires.
De nombreux enseignants ont déjà démontré l’importance de la relation entre le poignet directeur et la position de la face à l’impact.
En soi, cela n’a rien de nouveau. Cependant, encore beaucoup d’amateurs ignorent ce concept ou n’arrivent pas à l’imaginer et encore moins à le travailler.
Si je me réfère à mon cas personnel, pour servir d’exemple, je peux constater qu’entre 2013 et 2019, à raison de plusieurs milliers de drives par an, je suis passé d’une vitesse de swing moyenne de 91 mp/h à 98 mp/h en six ans.
Dans le même temps, ma vitesse de balle est passée de 131 à 142 mp/h, soit une augmentation plus rapide par rapport à la vitesse de swing. Non seulement, je swingue plus vite, mais en plus, je trouve plus souvent le centre de la face.
En résumé, j’ai gagné 30 mètres de distance, et pour rappel, en six ans, et en tapant plus que la moyenne des golfeurs amateurs ne peut le faire, et avec des outils de contrôles.
Pour autant, je n’ai pas assez investi le terrain du contrôle de la dispersion, et revers de la médaille de ce gain, le nombre de fairways en régulation ne dépasse pas souvent les 45%. Cela constitue un frein sérieux dans ma progression, et la baisse de mon index.
Le gain de distance a même aggravé la situation.
Statistiquement, et compte tenu du reste de mon jeu, avec un pourcentage de fairways en régulation plus élevé (autour de 65%), je pourrais facilement gagner 5 à 6 coups par parties.
Dans cet exemple, on voit bien que l’augmentation de la distance pour un golfeur amateur n’est pas nécessairement la solution absolue, surtout si elle ne s’accompagne pas par un meilleur contrôle des trajectoires, et alors que l’augmentation de la distance accroît les risques de disperser.
Sans rentrer dans trop de paramètres mesurables par un Trackman ou un FlightScope, la question principale est ici la position de la face à l’impact, entre closed, open ou square.
Plus la vitesse de swing est importante, et plus le contrôle de la face du club est critique.
Pour les amateurs, le principal problème vient souvent du fait que d’un coup à l’autre, la position de la face est rarement la même, ce qui rend le coup assez imprévisible.
A la rigueur, si un golfeur était toujours capable de placer la face closed, open ou square, et dans un degré comparable (-2, +2 ou 0 degré), il pourrait finir par en tirer parti, et s’ajuster en conséquence par rapport à la cible, ou par rapport à son chemin de club.
La plus grande difficulté à laquelle font face les golfeurs, c’est bien la trop grande variation de la position de la face dans la zone d’impact. C’est un paramètre à régler en priorité par rapport à l’accroissement de la vitesse de swing.
Pour l’enseignant américain Dennis Clarke, un des meilleurs de la profession « Vous pouvez toujours faire ce que vous voulez, si vous ne comprenez pas la relation entre le chemin du club, et la position de la face à l’impact, vous ne pourrez jamais obtenir un swing régulier. »
Qu’est-ce qui contrôle la position de la face à l’impact ?
Pour Richard Hurvitz, le grip revient toujours en numéro un. La meilleure solution, la plus rapide, et la plus fiable reste de le faire évaluer par un enseignant.
La première chose à évaluer est la position de la main gauche (pour un droitier). Il est recommandé de gripper le club avec les doigts plutôt que dans la paume de la main.
Cela facilite la rotation des épaules.
Passé la question du grip, l’élément majeur qui décide de la position de la face à l’impact est le poignet directeur (gauche pour un droitier, et droit pour un gaucher).
Il faut pratiquement considérer que la position du poignet directeur à l’impact dirige la position de la face à l’impact.
On distingue au moins trois positions du poignet directeur au backswing pour comprendre ce qu’il peut se passer à l’impact : Plat (neutre), en flexion (cupped), ou en extension (bowed).
La plupart du temps, le problème d’un amateur revient à modifier la position du poignet directeur entre le backswing, et l’impact.
S’il était relativement plat au backswing, et qu’il se fléchit à l’impact, cela altère la position de la face par rapport à sa position initiale. Vous êtes susceptible de créer un changement sur le chemin du club, et la position de la face, et donc dévier de votre trajectoire.
Une solution pourrait être d’adopter dès le départ (au sommet du backswing), une position du poignet légèrement en flexion, ce qui aurait, selon Dennis Clarke, pour effet d’aplatir le plan de swing, et de délofter légèrement la face du club.
Ce n’est pas nécessairement une mauvaise idée, mais cela implique d’avoir déjà des bonnes notions et compréhensions de la mécanique d’un swing de golf.
Autre possibilité pour un golfeur qui aurait tendance à trop fléchir… la possibilité de travailler en inverse, et donc en extension. Dustin Johnson est notamment connu pour son poignet gauche en forte extension par-dessus le droit.
Cependant, c’est assez difficile à faire… ne serait-ce que physiquement.
Quel que soit le mouvement des poignets, cela agit directement sur la position de la face au sommet du swing, et donc à l’impact.
La deuxième faute la plus répandue chez les amateurs est selon les enseignants, le fait de rouler les poignets pendant le backswing.
Au lieu de déplacer le club par l’action des épaules, nous aurions tendance à le déplacer en tournant les poignets ou les avant-bras. Les poignets sont dans ce cas beaucoup trop actifs.
Pour le visualiser correctement, idéalement de face, au moment du take-away (démarrage) le coude gauche doit rester sous le coude droit, alors que si vous roulez les poignets, les coudes vont se retrouver au même niveau.
La meilleure solution consiste à se filmer pour vérifier si vous roulez les poignets, et donc déplacez le club trop à l’intérieur du chemin.
Malgré un bon grip ou le fait de ne pas rouler les poignets au backswing, vous pouvez encore perdre la bonne position de la face pendant la descente (downswing).
C’est le troisième élément à surveiller dans son swing.
Dans ce cas, il faut s’entraîner à répéter des quarts de swings en plaçant le club à l’horizontale par rapport au sol, légèrement à l’intérieur de la ligne avec la cible, et en s’assurant conjointement de légèrement fermer la face.
En répétant des frappes de cette façon pendant un certain temps, on habituerait le corps à ramener le club plus régulièrement square à l’impact.
Récemment, en discutant avec un abonné, je l’ai entendu me dire sa crainte d’aller voir un enseignant, puis un autre, et entendre des méthodes et des discours complètement opposés.
Si le golf a cette magie de permettre différentes formes d’expressions, il faut garder une structure logique cohérente pour ne pas se perdre en chemin, notamment quand on cherche à progresser.
La position de la face, c’est le poignet directeur !
Il peut être plat, fléchi ou en extension au sommet du swing. Il faut qu’il reste en cohérence avec cette position pendant le mouvement jusqu’à l’impact.
Moins un golfeur est expérimenté, et plus il manipule la face du club pendant le swing.
Plus on manipule la face du club pendant le swing, et plus il est difficile de la ramener square à l’impact.
Le but de cet article était de vous rappeler de développer une conscience concernant la position de votre face à l’impact. Votre meilleur appui est certainement le pro de votre club.
Pour ma part, les erreurs de faces de clubs sabotent encore littéralement mes parties.
Après un beau drive sur un long par-5, il m’arrive de complètement fermer la face de mon fer-6 et sortir la balle hors limite, alors que j’étais au milieu du fairway avec une réelle chance d’attaquer le drapeau.
La faute de face ne prévient pas, et arrive toujours au plus mauvais moment.
Pour taper au trackman, je constate souvent un écart type de 2 degrés sur une moyenne de 10 ou 20 frappes.
Devenir un excellent « striker » demande de réduire cet écart-type, et donc de prévenir des fautes imprévisibles sur le parcours.
Pour rappel, évaluez où vous en êtes sur le grip, le roulement des poignets, et la perte de position de la face au downswing.
Dans un prochain sujet, je vous développerai la présentation d’un outil pédagogique particulièrement remarqué à l’occasion du dernier PGA Show, et qui pourrait connaître un intérêt grandissant de la part des enseignants, pour nous aider à évaluer la position des poignets pendant toute la durée du swing, de l’adresse jusqu’à l’impact.
Cela pourrait bien être une révolution dans le domaine de l’enseignement, et une aide cruciale pour les amateurs…
A suivre…
Les pros cités dans cet article : Dennis Clarke, Steve Atherton, Richard Hurvitz
Je sers d’illustration en guise de testeur des méthodes recommandées, en tant que journaliste d’investigation, et pas en tant que coach de golf.