
Adam Hadwin n’avait pas prévu de déclencher un geyser. Vendredi, sur le 10e trou du parcours Copperhead de l’Innisbrook Resort, lors du Valspar Championship, le Canadien de 37 ans a frappé violemment son club contre le sol après un mauvais coup. Le problème ? Le sol abritait un arroseur. Résultat : une explosion d’eau en plein fairway et une scène à la fois cocasse et révélatrice, aussitôt virale. Derrière le rire, une question lancinante : pourquoi le golf, ce sport silencieux, codifié, presque aristocratique dans sa forme, peut-il rendre fou au point de casser des clubs, d’insulter le ciel ou de pulvériser un arroseur ?
Car Hadwin n’est pas un cas isolé. Scottie Scheffler, Patton Kizzire, Sahith Theegala — tous ces joueurs ont récemment laissé éclater leur frustration de façon spectaculaire, en public. Et chez les amateurs, le phénomène est presque banal. À croire que plus le sport semble paisible, plus il fait bouillir en nous des émotions brutes, archaïques, que l’on pensait réservées à des disciplines plus physiques ou plus hostiles.
Ce paradoxe, nombreux psychologues du sport l’ont exploré. « Le golf touche à quelque chose de profondément narcissique : notre capacité à contrôler notre corps, à voir l’intention parfaitement se traduire en action », explique le Dr Jean-Philippe Morin, psychologue du sport basé à Montréal. « Quand ça échoue, on ne rate pas seulement un coup : on échoue soi. »
Cette idée que « le swing, c’est moi » est au cœur du malaise. Car tout, dans le golf, est lent, visible, isolé. La balle ne bouge pas. Elle attend. Le terrain est immobile. Et chaque coup est un miroir. Le sport, souvent pratiqué seul ou dans une bulle de silence, laisse peu d’échappatoire à la conscience de l’échec. Il n’y a pas d’adversaire à accuser, pas de météo brutale, pas de rebond capricieux du ballon comme au rugby ou au football.