Le golf est un sport qui connaît un engouement sans précédent au Royaume-Uni. Selon une récente étude menée par la R&A, en collaboration avec England Golf, Golf Ireland, Scottish Golf et Wales Golf, le nombre de participants a dépassé les niveaux d’avant la pandémie de COVID-19. De plus, la proportion de femmes parmi les joueurs adultes a augmenté, passant de 15% en 2019 à 20% en 2022. Cette popularité s’explique en partie par des initiatives proactives telles que “Golf is Good”, qui a mis en avant les avantages du golf pour la santé physique et mentale.
Comparaison avec la situation en France où le golf semble souffrir d’une mauvaise image
À l’opposé, en France, le golf peine à s’imposer comme une activité grand public. Perçu souvent comme un sport élitiste, son image publique n’est pas des plus favorables.
Ces dernières semaines, les attaques de militants écologistes se sont multipliées contre les parcours (encore début septembre dans le Calvados), ce qui n’arrange pas l’image du golf auprès de la population.
Inversement, le Royaume-Uni a réussi à attirer des millions de nouveaux adeptes, notamment en réorientant l’image du golf vers des valeurs de bien-être et d’inclusivité.
Cette dichotomie entre les deux pays, malgré des contextes économiques similaires (forte inflation), soulève des questions intéressantes.
Qu’est-ce qui fait que le golf est en plein essor au Royaume-Uni ?
Comment les initiatives britanniques peuvent-elles servir d’exemple pour rehausser l’image du golf en France ?
Chiffres et tendances
Les statistiques relatives à la participation au golf au Royaume-Uni sont éloquentes.
Selon une recherche menée par la R&A en collaboration avec plusieurs organisations de golf régionales, le nombre d’adultes jouant au golf sur des parcours de neuf ou dix-huit trous a atteint 5,6 millions en 2022.
Ce chiffre est d’autant plus impressionnant lorsqu’on le met en contexte : il s’agit du deuxième nombre le plus élevé en plus de 30 ans, avec une augmentation de 265 000 participants par rapport à 2021.
De plus, l’année 2020 détient le record absolu, en raison des particularités induites par la pandémie de COVID-19, où le golf est devenu une des rares activités accessibles pendant les périodes de confinement.
L’intérêt pour le golf au Royaume-Uni ne se limite pas aux hommes.
En 2022, 20% des golfeurs adultes étaient des femmes, une augmentation significative par rapport aux 15% enregistrés en 2019. Cela suggère une démocratisation progressive du sport, qui attire une population de plus en plus diversifiée.
En France, les chiffres de participation sont nettement moins impressionnants, même si des données spécifiques sont plus difficiles à obtenir.
Selon les statistiques des licences, la croissance du golf en France est modeste (441 000 licenciés en 2022 contre 418 000 en 2019), et le sport reste confiné à une niche, perçu comme élitiste et exclusif.
Les clubs de golf sont souvent associés à une certaine classe sociale, ce qui limite leur attrait pour un public plus large.
A l’inverse, la proportion de femmes parmi les golfeurs en France est relativement haute en comparaison des pays voisins (27%) et pourtant l’image du golf reste très masculine dans l’imaginaire collectif.
Le contraste entre le Royaume-Uni et la France est frappant.
Alors que les deux pays ont des économies comparables, et font face à des défis socio-économiques similaires, leurs citoyens semblent avoir des attitudes radicalement différentes envers le golf.
En France, l’INSEE confirme un taux de croissance de seulement +0.3% sur le premier trimestre de 2023 contre 0% pour le trimestre précédent.
De son côté, le Royaume-Uni échappe aussi de peu à la récession avec une croissance prévue à +0.4% pour l’année 2023, et +0.1% sur le premier trimestre. L’activité économique est donc très comparable.
Du côté de l’inflation, en août 2023, en France, les prix à la consommation ont augmenté de +4.9% sur un an, tandis qu’au Royaume-Uni, la hausse des prix demeure la plus élevée des pays du G7 à +7.9% (Source : Lemonde.fr)
Le contexte est donc moins favorable, et pourtant le golf semble se développer bien plus rapidement chez nos voisins.
Cette divergence suggère que les obstacles à la popularité du golf en France ne sont pas uniquement économiques, mais aussi culturels et perceptuels.
Les raisons du succès au Royaume-Uni
Le rôle de la pandémie de COVID-19 dans la popularité croissante du golf au Royaume-Uni ne peut pas être sous-estimé.
Avec les restrictions imposées sur de nombreuses autres formes de divertissement et de loisirs, en particulier celles qui nécessitent une participation en groupe ou en intérieur, le golf s’est avéré être une alternative attrayante.
Le sport permet aux gens de profiter du grand air tout en maintenant une distance sociale, ce qui a été particulièrement apprécié pendant les confinements et les périodes de restrictions sanitaires.
L’année 2020, en particulier, a vu un essor sans précédent dans le nombre de personnes s’adonnant au golf, faisant de cette année une anomalie statistique, mais également un catalyseur pour une croissance soutenue dans les années suivantes.
Le succès du golf au Royaume-Uni n’est pas uniquement le résultat des circonstances induites par la pandémie.
Des initiatives ciblées de promotion du sport ont également joué un rôle crucial.
Par exemple, le projet “Golf is Good”, piloté par la R&A et soutenu par des personnalités comme Gareth Bale, a utilisé des données scientifiques pour mettre en avant les avantages du golf sur la santé et le bien-être.
Les résultats de cette campagne ont été très positifs : 65% des golfeurs actuels qui ont été exposés à cette publicité ont joué plus souvent en 2022, contre 48% de ceux qui n’ont pas vu la publicité.
Au-delà des chiffres et des initiatives, le discours entourant le golf au Royaume-Uni a également évolué.
Ce n’est plus seulement un sport associé au loisir des classes aisées, mais également un moyen de contribuer positivement à la santé physique et mentale.
Les avantages de passer du temps à l’extérieur, de se concentrer sur une activité qui nécessite à la fois stratégie et compétence, et d’avoir un moment de répit loin des écrans et du stress quotidien, sont de plus en plus mis en avant.
Les organismes de golf du Royaume-Uni ont fait un excellent travail pour promouvoir ces aspects, en utilisant tout, de campagnes de médias sociaux à des partenariats avec des organisations de santé, pour faire passer le message.
Les obstacles en France et ce qu’il faudrait prendre du modèle Britannique
L’un des principaux défis que le golf doit surmonter en France est sa réputation en tant que sport élitiste et exclusif.
Contrairement au Royaume-Uni, où des efforts ont été faits pour démocratiser le sport et le rendre accessible à une population plus large, le golf en France reste largement perçu comme une activité réservée à une certaine classe sociale ou aux seniors.
Cette image est souvent renforcée par le coût élevé des adhésions aux clubs et des équipements, ce qui constitue une barrière à l’entrée pour de nombreux Français.
Un autre obstacle important à la popularité du golf en France concerne les questions environnementales.
Le golf est souvent critiqué pour son impact environnemental, notamment en ce qui concerne l’utilisation de l’eau pour l’entretien des terrains, et ce malgré des efforts réels depuis plusieurs années sur ce sujet.
En France, où les questions écologiques prennent de plus en plus de place dans le débat public, cette préoccupation a un impact significatif sur la perception du sport.
L’une des premières choses que la France pourrait faire pour améliorer la popularité du golf serait de lancer des campagnes de sensibilisation similaires à celles observées au Royaume-Uni.
Des initiatives comme “Golf is Good” ont clairement montré leur efficacité pour changer la perception publique et encourager la participation.
Il semble que la Fédération tente des actions dans ce sens, mais elles ne trouvent pas ou peu de relais dans les médias nationaux. De même que le gouvernement ne participe pas à la solution ou ne soutient pas assez la filière.
A l’inverse, dans des pays du sud de l’Europe, le golf est un moyen assumé pour attirer des touristes du nord de l’Europe, et bénéficie du soutien de l’état pour sa promotion.
Au contraire, on peut penser que les actions spectaculaires visant à dégrader des golfs figent toute prise de paroles, et ne servent pas à lancer un grand débat sur la place du golf en France, et son avenir.
Il y a une forme de passivité devant cette situation plutôt qu’un rebond pour ouvrir les échanges d’idées.
C’est peut-être le signe que déjà même dans les médias, il y une forme de pudeur à ne pas vouloir parler de golf à une population de bientôt 68 millions d’individus dont seulement 430 000 golfeurs.
Ce jeu est-il pris au piège de sa propre confidentialité ?
Les actions entreprises récemment pour ouvrir le golf n’arrivent-elles pas trop tard ? Peut-on réellement relever le défi ou au contraire, le golf ne risque-t-il pas de s’enfoncer dans une forme de marginalité, accentuée par le défi climatique, et une scission de plus en plus forte entre des clubs très élitistes, et des golfs entrée de gamme ?
Les chiffres du développement du golf au Royaume-Uni versus ceux en France disent quelque chose de l’évolution de notre société, de la part des classes moyennes, de notre psychologie collective, et de notre rapport à l’inflation.
Ils disent aussi l’énorme différence culturelle entre le berceau de ce jeu, et un pays latin dont la culture golf n’est pas encore très développée.
Enfin, les golfeurs ont peut-être eux-mêmes un large rôle à jouer dans leur entourage pour changer l’image de leur sport ?
A propose de la passivité des pouvoirs publics, vis-à-vis des vandales prétendument “écolos”, le golf de Vire (14) a été vandalisé il y a 15 jours et la mairie, propriétaire du terrain, n’a toujours pas porté plainte aux dernières nouvelles (hier), ralentissant ainsi l’enquête – alors que l’identité vraisemblable des vandales est connue.
Incurie, ou attitude “compréhensive” ?
Il est vrai que la communication du golf lui-même – tant au plan national que localement – est consternante, pas loin de s’excuser d’exister (on n’est pas si chers que cela, d’ailleurs on est écolos, etc…)
C’est le monde à l’envers !
Je n’arrête pas de voir la publicité à la télé pour la chasse. Je n’ai jamais aucune pub pour le golf. Le comité directeur de la FFG est affligeant de passivité et semble indifférent à la mauvaise réputation du golf en France. À croire qu’ils ne sont là que pour profiter grassement de leur status et prérogatives. Un comité de momies qui vit dans la tradition du golf ancestral et n’envisage surtout pas d’en sortir. C’est cela notre FFG.