Le regard fixé vers l’horizon du fairway, Aldrich Potgieter ne semble pas forcer son geste. Pourtant, sa balle décolle, fuse, puis retombe à près de 340 mètres du départ. Au Rocket Classic 2025, le jeune prodige sud-africain enchaîne huit drives au-delà des 330 yards (plus de 300 mètres), dont un à 370 yards (338 mètres) sur le 71e trou. À seulement 20 ans, Potgieter dépasse déjà Rory McIlroy, référence du power game moderne, de sept yards en moyenne au driving. Mais le plus vertigineux n’est pas tant ce qu’il accomplit individuellement, que ce qu’il incarne collectivement. Le golf est entré dans une ère où la distance n’est plus un atout mais un problème. Et le débat autour de la balle de golf — désormais trop performante — s’intensifie jusqu’à fracturer les institutions elles-mêmes.
Le « rollback » — projet de retour en arrière sur les performances des balles — cristallise ce conflit. Défendu par les instances mondiales (USGA et R&A), mais critiqué par les tours professionnels, les marques et les amateurs, ce projet révèle une tension plus profonde : peut-on continuer à laisser le progrès athlétique et technologique redessiner le jeu, quitte à perdre les racines stratégiques du golf ?