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Open de France de golf : Pourquoi ça ne marche pas ?

Open de France de golf : Pourquoi ça ne marche pas ?
Victor Perez (FRA) regarde son coup de départ lors du WGC FedEx St. Jude Invitational au TPC Southwind, le 8 août 2021 à Memphis, Tennessee. (Photo de Ken Murray/Icon Sportswire)

L’Open de France de golf, riche d’une histoire de plus d’un siècle, est au cœur d’une période de turbulences sans précédent. Cet événement autrefois prestigieux, qui a vu la victoire d’illustres joueurs comme Arnaud Massy au début du 20ème siècle et plus récemment celle de Thomas Levet en 2011, traverse une phase difficile caractérisée par des changements fréquents de sponsors et un manque d’attrait de par les meilleurs joueurs du circuit. Au-delà des aspects purement sportifs, cet Open révèle en filigrane les défis plus larges auxquels est confronté le golf en France : un engouement populaire mitigé et des interrogations sur le choix du parcours. Le Golf National de Saint-Quentin-en-Yvelines, malgré sa reconnaissance internationale en tant que hôte de la Ryder Cup 2018, fait face à des questions concernant son emplacement et sa conception. Ces défis cumulatifs remettent en question l’avenir de ce tournoi historique. Dans cet article, nous explorerons les raisons sous-jacentes de ces problèmes, les retombées pour les joueurs et les sponsors, et les implications plus larges pour l’avenir de ce tournoi historique.

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Un calendrier qui n’avantage pas l’Open

Le placement d’un tournoi dans le calendrier sportif est crucial pour son succès. Historiquement, l’Open de France occupait une place privilégiée (en juillet), attirant de nombreux joueurs de renom et assurant ainsi une visibilité et une couverture médiatique conséquentes.

Toutefois, les changements récents du calendrier du DP World Tour ont jeté une ombre sur cet événement autrefois prestigieux.

L’un des changements les plus notables est le déplacement de l’Open de France vers la fin de saison. Auparavant placé à un moment stratégique, où les joueurs étaient en pleine forme et cherchaient à accumuler des points pour le classement, il se retrouve désormais dans une période où nombreux sont ceux qui choisissent de se reposer ou de participer à des tournois plus lucratifs hors d’Europe.

Surtout, à quelques jours de la Ryder Cup, l’Open de France n’a aucune chance d’attirer les 12 meilleurs européens déjà tournés vers la préparation de cet événement majeur.

Ce changement de calendrier a inévitablement impacté le champ des participants.

Moins de stars du golf international sont présentes, réduisant ainsi l’attrait pour les sponsors et le public. L’absence de têtes d’affiche peut également influencer la décision des télévisions et médias de couvrir l’événement, réduisant encore sa visibilité.

La perception grandissante est que le DP World Tour cherche peut-être à minimiser l’importance de l’Open de France.

En le reléguant en fin de saison, le tournoi risque d’être éclipsé par des événements plus importants, comme les finales de la Race to Dubai. Cette décision peut être le reflet d’une stratégie visant à privilégier d’autres marchés ou tournois jugés plus profitables.

Il est clair que ce changement de date nuit à l’image et au prestige de l’Open de France. Pour un tournoi ayant une telle histoire, il est triste de constater qu’il puisse être relégué au second plan. Sans une intervention pour restaurer sa place dans le calendrier, l’Open risque de perdre davantage en pertinence et en attractivité.

Un parcours controversé ?

L’un des éléments essentiels qui définissent la qualité et l’attractivité d’un tournoi de golf est sans aucun doute le parcours sur lequel il se joue.

Le Golf National à Saint-Quentin-En-Yvelines, bien qu’il ait accueilli de nombreux événements majeurs, dont la Ryder Cup, a été l’objet de critiques récurrentes de la part des professionnels, non pas sur la qualité impeccable de l’entretien, mais bien plus sur l’amusement, et la difficulté du parcours jugé très ou trop sévère.

De nombreux golfeurs ont exprimé que le parcours du Golf National est excessivement difficile et pénalisant.

Avec ses nombreux obstacles d’eau, ses roughs denses et ses greens complexes, le moindre écart peut coûter cher. Si un certain niveau de défi est apprécié, une trop grande difficulté peut décourager certains joueurs, notamment ceux qui ne sont pas au sommet de leur forme.

La localisation du Golf National, bien qu’elle soit relativement proche de Paris, est souvent décrite comme étant isolée.

Contrairement à d’autres parcours historiques nichés au cœur de paysages pittoresques ou de zones touristiques, Saint-Quentin-En-Yvelines manque parfois de charme aux yeux de certains, et en particulier la proximité du Technocentre, symbole plutôt industriel.

Les alentours du parcours manquent d’attraits, et peinent à attirer les touristes loin d’autres monuments ou symboles de l’art de vivre à la Française.

La France regorge pourtant de parcours de golf historiques, dont certains sont situés dans des régions viticoles, à côté de châteaux ou dans des zones côtières.

Ces sites offrent non seulement un défi golfique mais aussi une expérience culturelle et touristique.

À côté de ces joyaux, le Golf National peut sembler manquer d’attractivité, et n’optimise pas toutes les chances d’attirer des golfeurs de renoms qui pourraient avoir envie de mêler l’utile à l’agréable.

Le problème des sponsors et du soutien financier

Le succès d’un tournoi de golf ne repose pas uniquement sur la qualité de son parcours ou de ses joueurs, mais également sur le soutien financier de ses sponsors.

L’Open de France, le plus ancien tournoi de golf du continent européen, connaît actuellement une période d’incertitude en raison de problèmes liés à ses sponsors.

L’Open de France a vu passer plusieurs sponsors-titre au fil des années, chacun apportant son lot d’attentes et d’impératifs. Trouver un sponsor principal solide est pourtant essentiel pour assurer la pérennité et le prestige du tournoi.

Contrairement à d’autres pays européens, la France n’a pas la même tradition golfique ni le même engouement pour le sport. Cela se traduit par une difficulté à attirer des sponsors majeurs, surtout en comparaison avec des événements organisés dans des pays où le golf est plus populaire.

Autre exemple frappant, l’Open de Paris-Bercy pour le tennis fait le plein en termes de sponsors, au point que l’affiche du tournoi ne semble pas assez grande pour accueillir tous les partenaires.

Le nombre de licenciés tennis est le double par rapport au nombre de golfeurs, cela étant, pour un annonceur, le profil CSP+ des golfeurs pourrait être une source de motivation importante, et pourtant cela ne se traduit pas réellement.

L’arrêt abrupt des activités de Cazoo, le sponsor principal de l’Open de France, en Europe met en lumière les défis liés à la dépendance envers un sponsor principal.

Le retrait de Cazoo pose de sérieuses questions sur la viabilité financière de l’événement. De plus, l’exemple de Cazoo qui succède à HNA déjà un partenaire dont l’histoire s’est arrêtée brutalement, montre les dangers de s’associer à des sponsors dont les intentions ou la stabilité financière peuvent ne pas être claires.

Plus loin, Alstom avait aussi mis fin rapidement à son partenariat de longue date, et avait participé financièrement à sa dernière année de contrat, sans souhaiter apparaître comme sponsor !

La déclaration de Scott Crocket, directeur de la communication de l’European Tour, malgré son ton rassurant, soulève des inquiétudes quant à l’avenir immédiat de l’Open de France.

Avec le retrait de sponsors et la perte des fonds des Rolex Series, l’Open de France semble marcher sur des œufs. La fidélité et le soutien à long terme semblent manquer, ce qui jette une ombre sur le futur du tournoi.

Les absences remarquées

L’Open de France, malgré sa réputation et son histoire prestigieuses, a été confronté à une série d’absences notables parmi les joueurs de premier plan dont Romain Langasque pour blessure et Victor Dubuisson. Ces absences ont un impact sur l’attractivité du tournoi pour les spectateurs, les sponsors et les médias.

Le fait que des joueurs de haut niveau choisissent de ne pas participer à l’Open de France est une source de préoccupation. Ces joueurs attirent non seulement un large public mais contribuent également à rehausser le niveau de compétitivité du tournoi.

Plusieurs raisons peuvent pousser un joueur à sauter un tournoi, même d’envergure :

  • Calendrier chargé : Avec un calendrier de tournoi de plus en plus dense, les joueurs peuvent éprouver le besoin de prendre des pauses pour éviter la fatigue ou se préparer pour d’autres compétitions jugées plus prioritaires.
  • Enjeux financiers : Les dotations offertes dans d’autres tournois peuvent être plus attractives. Dans un sport où la carrière est souvent éphémère, les joueurs peuvent privilégier les tournois qui offrent de meilleures retombées financières.
  • Préparations spécifiques : Certains joueurs peuvent éviter un tournoi si le parcours ne convient pas à leur jeu ou s’ils souhaitent se préparer pour un autre événement imminent.
  • Attrait du tournoi : Les problèmes liés à l’organisation, aux sponsors ou au calendrier peuvent influencer la perception des joueurs et les décourager de participer.

Ces absences peuvent servir de signal d’alarme pour les organisateurs. Il est crucial de comprendre les raisons sous-jacentes et d’apporter les changements nécessaires pour rendre le tournoi plus attractif pour tous les joueurs de haut niveau.

Quelques lueurs d’espoir

Même dans le contexte des défis rencontrés par l’Open de France, il existe des signes positifs et des raisons d’espérer.

Ces éléments favorables contribuent à maintenir l’enthousiasme autour du tournoi et à assurer sa pérennité sur le circuit européen.

Malgré certaines absences notables, le tournoi n’est pas dépourvu de talents. Victor Perez, par exemple, est l’une des étoiles montantes du golf français et mondial. Sa participation à l’Open est une aubaine pour l’événement. Il attire non seulement le public français, mais aussi les amateurs de golf internationaux, impatients de le voir en action.

De plus, d’autres espoirs français, dont certains pourraient bien être les futurs visages du golf français et mondial, ont confirmé leur présence. Ces jeunes talents peuvent créer des moments mémorables et rappeler aux fans que l’avenir du golf français est brillant.

Les défis peuvent aussi être vus comme des opportunités. Les organisateurs ont la possibilité d’innover, de repenser certains aspects du tournoi, d’améliorer l’expérience des spectateurs et d’attirer davantage de joueurs de haut niveau à l’avenir.

Les critiques et les difficultés rencontrées peuvent servir de catalyseur pour un renouveau et une amélioration continue.

Malgré les embûches, la base de fans dédiée de l’Open de France reste fidèle. Leur passion pour le tournoi et leur soutien aux joueurs apportent une énergie vitale qui peut aider à surmonter les défis actuels.

L’avenir de l’Open

Le futur de l’Open de France, malgré les obstacles actuels, promet des occasions de redynamisation et d’innovation.

Deux facteurs majeurs pourraient jouer un rôle déterminant dans la revitalisation de l’intérêt pour l’événement : l’approche des Jeux Olympiques de 2024 et les initiatives environnementales du Golf National.

Le fait que le Golf National ait été choisi comme site pour le tournoi de golf des Jeux Olympiques de 2024 est un immense honneur et une reconnaissance de sa qualité. Cela pourrait avoir plusieurs retombées positives pour l’Open de France :

  • Visibilité internationale : Le monde entier aura les yeux rivés sur le parcours lors des Jeux. Cela pourrait attirer de nouveaux fans et rendre le site plus attractif pour les sponsors et les joueurs.
  • Investissements infrastructurels : Préparer le parcours pour les Jeux pourrait signifier des améliorations et des innovations qui bénéficieraient également à l’Open.
  • Renaissance du golf en France : La présence du golf aux Jeux Olympiques pourrait susciter un regain d’intérêt pour le sport en France, attirant potentiellement plus de spectateurs et de participants.

Le Golf National s’est engagé dans des initiatives environnementales, ce qui est crucial dans le contexte actuel où le changement climatique et la protection de l’environnement sont au cœur des préoccupations mondiales.

  • Attractivité pour les sponsors : Avec l’évolution des valeurs des entreprises et leur engagement croissant envers la durabilité, un parcours de golf engagé écologiquement pourrait être plus attrayant pour des sponsors soucieux de leur image.
  • Un nouveau public : Les initiatives vertes peuvent attirer une audience plus jeune et plus consciente des enjeux environnementaux. Cela pourrait rajeunir la base de fans et garantir la pérennité du tournoi à long terme.
  • Préservation de la biodiversité : En plus d’être bénéfiques pour l’image du parcours, les efforts environnementaux protègent et enrichissent la biodiversité locale, garantissant un parcours magnifique et vivant pour les années à venir.

En conclusion, l’avenir de l’Open de France est parsemé de défis, mais aussi d’opportunités uniques. Avec la combinaison de la visibilité offerte par les Jeux Olympiques et un engagement fort envers la durabilité, l’Open pourrait bien connaître un renouveau et continuer à occuper une place de choix dans le circuit du golf mondial.

Conclusion

L’Open de France, en tant que l’un des tournois les plus anciens et les plus prestigieux du golf européen, se trouve à un carrefour critique de son histoire.

Les défis récents, qu’il s’agisse de la programmation, des critiques du parcours, du soutien financier fluctuant ou des absences notables, ont sans doute ébranlé son statut sur la scène internationale.

Toutefois, ce n’est pas la première fois que l’événement fait face à des obstacles, et il a toujours su, par le passé, rebondir et s’adapter.

Pour lui redonner son lustre d’antan, une approche multifactorielle est nécessaire :

  • Engagement communautaire : En engageant davantage la communauté locale et en attirant un public plus jeune, l’Open peut espérer renouveler sa base de fans. Cela pourrait se faire par le biais d’initiatives éducatives, d’événements communautaires ou de collaborations avec des organisations locales.
  • Stratégie de marque forte : Une campagne de rebranding pourrait aider à redéfinir l’identité de l’Open, en insistant sur son riche héritage tout en embrassant une vision tournée vers l’avenir.
  • Collaboration avec des partenaires stratégiques : Que ce soit par des sponsors engagés à long terme ou des alliances avec d’autres entités du monde du golf, l’Open pourrait bénéficier de partenariats solides et innovants.
  • Exploiter les opportunités à venir : Avec les Jeux Olympiques de 2024 et les initiatives environnementales du Golf National, l’Open a des opportunités uniques pour attirer l’attention et gagner en pertinence.

En fin de compte, la renaissance de l’Open de France dépendra de la capacité des organisateurs à reconnaître les défis actuels tout en se tournant résolument vers l’avenir.

Avec une stratégie claire, une vision innovante et un engagement envers les traditions et les valeurs du golf, l’Open de France peut non seulement survivre, mais aussi prospérer, en retrouvant la place d’honneur qu’il mérite.

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2 COMMENTS

  1. très belle analyse, puis-je me permettre d’ajouter que si la volonté est de développer le golf en France et attirer de nouveaux et jeunes joueurs, il faut que ses joueurs puissent voir le golf à la TV, sur une chaine sans péage, les golfeurs sont déjà abonnés à C+, la diffusion ne rapporte pas de nouveaux golfeurs. les JO sont une opportunité pour acceder à ce nouveau public, car diffusé sur des chaines classiques, enfin j’espère, sinon cela sera le même flop que la Rider Cup, évènement important s’il en est qui n’a pas ramené de nouveaux golfeurs fautes de visibilité.
    le contrat de C+ coute très cher à la FFG.