Parmi les conseils les plus importants pour mieux jouer au golf, atteindre des distances plus longues, moins disperser les balles sur le côté, on retrouve souvent au sommet de la pyramide, le fait de taper plus régulièrement des balles au centre du sweet spot, le point de rendement le plus idéal depuis la face d’un club de golf. Ce sweet spot, un point tout petit, presque microscopique varie selon si on parle de fers ou d’un driver. Une chose est certaine, quand on tape un coup parfait, et donc en plein sur ce sweet spot, les sensations, le bruit, le contact diffèrent nettement des autres coups moins bien centrés. Ce serait donc un enjeu clé de la performance au golf… Pour autant, est-ce vraiment quelque chose d’atteignable facilement, et au contraire, est-ce que cela doit être vraiment la priorité pour améliorer son score ?
3 tips pour prendre plus souvent le sweet spot à tous les coups ?
Récemment, un média américain de golf a sorti un article « 3 conseils pour trouver le sweet spot à tous les coups ! » La technique marketing et en même temps éditoriale fonctionne car j’ai sauvegardé l’article dans le but de le lire…
Pour autant, le titre est sacrément prometteur ou trompeur… Peut-on réellement imaginer atteindre le graal golfique par le biais de trois conseils, et se transformer soudainement de citrouille en carrosse ?
Certes, oui, toucher le sweet spot est le graal du coup de golf, pour un amateur, comme pour un professionnel… La bonne nouvelle, c’est qu’un junior comme un senior peut y arriver. On peut y arriver relativement tard et longtemps dans sa vie de golfeur.
Les compétences qu’il faut développer ne sont pas nécessairement liées à la force ou à la résistance, mais bien plus à l’équilibre ou la qualité générale de son swing.
Il m’est arrivé de croiser des golfeurs de plus de 80 ans qui tapaient encore très bien… dans la balle ou plutôt dans le sweet spot.
L’équilibre, quel équilibre ?
Dans ce fameux article, le pro interrogé, Jim Murphy, explique qu’en premier, il faut garder le poids en avant sur les pieds…
Être appuyé plutôt vers l’avant !
C’est étonnant parce que l’an passé, en leçon avec François Gillot à Aix-Les-Bains, à l’aide de plaques de forces, il m’a plutôt expliqué qu’il fallait avoir, à l’adresse, avant de swinguer, le poids sur l’avant du pied gauche (pour un droitier), et à l’arrière du pied droit…pour justement optimiser le transfert de poids pendant le swing…
Murphy explique toutefois une vérité… Il constate que beaucoup d’amateurs sont trop souvent sur les talons à l’adresse, et pendant le swing, ce qui effectivement causerait un coup décentré du sweet spot.
C’est la limite d’un conseil donné sur Internet sur un sujet aussi complexe, et délivré à tous en même temps !
Murphy décrit en fait un grand débutant qui n’a pas encore la sensation du placement de son poids, et surtout du transfert du poids pendant le mouvement.
Par inverse, porter le poids vers l’avant paraît la bonne idée.
En réalité, une des conditions pour centrer la balle dans la face de son club, c’est d’être en permanence en équilibre pendant… un mouvement !
Rester en équilibre quand on est statique, c’est un enjeu plus ou moins atteignable selon sa santé physique.
Rester en équilibre pendant qu’on déplace très rapidement un club de golf, c’est une autre paire de manche.
Trop sur la pointe ou trop sur les talons, il y a un risque de perdre l’équilibre à un moment ou à un autre, et même si on peut se rattraper plus ou moins.
La vérité sur ce sujet, c’est que si on veut être juste… il faut se tester sur une plaque de force, et faire le diagnostic du déplacement de son poids, et ajuster très finement…
On s’éloigne du conseil basique pour Monsieur Tout le Monde. Il faut une plaque de force, et un expert qui sait s’en servir.
Disons que l’on peut accepter un principe évident : Pour avoir plus de chance de centrer la balle dans la face, peu importe comment, mais mieux vaut être en équilibre pendant toute la durée du mouvement.
Murphy enchaîne avec un deuxième conseil : Les bras doivent être relâchés.
Il confirme ce que vous savez sans doute déjà…
« La meilleure manière de tuer un swing de golf, c’est de mettre trop de tensions dans les bras »
Se relâcher est donc un moyen, peut-être contre intuitif pour certains, de taper des meilleurs coups de golf…
C’est pour cela que l’on voit chez certains joueurs, notamment les professionnels à la télévision, ces répétitions de petits mouvements avec les bras (waggles) avant de taper un coup, histoire de bien tout relâcher.
Cela paraît anodin, mais je suis certain, moi-compris, qu’on ne le fait pas assez souvent, pris dans le feu de l’action, et par exemple au bout de quelques trous, et à un moment où on commence à manquer de lucidité, et comme par hasard, la carte de score est moins bonne…
Le pro explique que le fait de se relâcher permet en fin de compte la pleine extension des bras au downswing, et surtout à l’impact.
C’est sans doute un élément, mais c’est là-encore un conseil très/trop généraliste pour qu’un golfeur amateur qui lirait ce sujet puisse soudainement taper de meilleurs coups de golf.
Vous pouvez même taper dix coups de golf en étant à chaque fois très relâché, je ne suis pas certain que vous les taperez tous dans le sweet spot.
Pourquoi ? Parce qu’il y a tellement d’autres variables ! Personne ne connaît un golfeur qui tape 10 balles exactement de la même manière. Même chez les pros, il y a un écart bien que plus faible, en proportion.
Trackman l’illustre d’ailleurs parfaitement avec sa carte de chaleur des impacts…
Le véritable sujet n’est pas tant de trouver le sweet spot à tous les coups que de réduire en fait la dimension de cette carte de chaleur…
Trafiquer la vitesse de la tête de club à l’impact
Troisième et dernier conseil du pro, et qui illustre vraiment que son article s’adresse bien plus à des débutants qu’à tous les golfeurs, et en particulier un peu expérimenté bien que ne touchant pas toujours le centre du sweet spot, il parle de maintenir la même vitesse pendant tout le swing.
Il observe certains golfeurs amateurs qui tentent de ralentir la tête de club avant l’impact dans l’espoir de mieux contrôler la dite tête.
Il explique que ce faisant, cela risque de produire l’effet inverse à ce qui est cherché, et donc plus d’instabilité. Il faut privilégier une vitesse de swing plus constante, et plus stable.
Cela rejoint une notion qui n’est pas tout à fait le sweet spot, mais le moment d’inertie.
Effectivement, plus le club est stable dans la zone d’impact, prouvé par Trackman notamment, et plus le smash factor restitué à la balle est élevé.
C’est pour cela que les fabricants tentent de modifier le moment d’inertie des têtes de drivers, cherchant à le maximiser.
Est-ce que ce conseil va m’aider à trouver plus souvent le sweet spot ? Sans vous paraître prétentieux vis-à-vis de ce pro, j’en doute.
J’en doute parce que trouver le sweet spot plus souvent, c’est en fait le sommet de la pyramide de la performance d’un swing de golf.
C’est comme vouloir être un champion de mathématique quand on sait juste compter !
Toucher la perfection, c’est l’aboutissement d’un long chemin pour dompter son swing de golf
A l’évidence, oui, de base, c’est mieux d’être en équilibre sur ses pieds, d’être relâché, et de ne pas trafiquer la vitesse de déplacement de sa tête de club…
Oui, mais cela ne vous avance pas à grand-chose de plus. Le titre de l’article est génial. Le contenu est décevant, car trop basique, trop généraliste, et surtout pas assez complet.
Déjà, on doit admettre que pour un fer, un club joué selon un angle d’attaque descendant vers le sol, et si possible avec un point de l’arc de swing le plus bas après la balle, justement le sweet spot n’est pas au centre de la face du club, mais plutôt en bas de la face, environ trois stries du bas vers le haut…
En revanche, sur un driver, à conception de tête conventionnelle (sauf club particulier), joué selon un angle d’attaque remontant vers le ciel idéalement, et avec un point bas de l’arc de swing avant la balle, le sweet spot est un peu plus au centre de la face.
Quand TaylorMade a lancé pour la première fois la twisted face, le concept marketing était d’une puissance marketing incroyable…
Ils savaient pertinemment qu’une face de driver ne générait pas du tout les mêmes rendements depuis les cinq principales zones de frappes : Au centre, en haut à gauche (pointe), en haut à droite (talon), en bas à gauche (pointe), et en bas à droite (talon).
Il y a des différences, non seulement de smash factor, mais aussi de loft dynamique, et surtout de spin.
La twisted face avait justement pour but d’atténuer ces différences. La suite de l’histoire n’a pas vraiment démontré que TaylorMade faisait mieux que Callaway, PING ou les autres en la matière. La twisted face n’a pas révolutionné la conception des faces de driver.
Bref, pour un amateur, oui, bien entendu, on cherche le meilleur contact possible, et pour l’obtenir, il faut tout réussir parfaitement.
Pas seulement l’équilibre, le relâchement ou le contrôle de la tête de club…mais aussi le déplacement du chemin de club, la position de la face à l’impact, le point bas ou haut de l’arc de swing…
Il n’y a pas de recette miracle. Il faut taper des milliers de balles pour exercer tout son corps à produire le plus souvent possible la meilleure séquence de swing.
Par expérience, j’ai effectivement souvent noté, et sous le contrôle du Trackman, que concentré, et moins obsédé par la vitesse maximale de mon swing, plus appliqué à chercher le contact… en clair, en cherchant à taper moins fort, je pouvais obtenir un meilleur contact de balle.
Tout l’enjeu, c’est donc d’éduquer son corps, son swing à produire le bon coup à une vitesse de plus en plus élevée.
C’est donc un vœu pieu, un objectif à viser mais pas l’absolu qui va définir toute votre partie de golf. Bien au contraire, la véritable bonne idée serait de vous dire comment bien jouer au golf pendant 18 trous, quand on ne touche le sweet spot que 2 ou 3 fois dans la journée, et sur 80, 90 ou 100 coups.
De là, j’ai mené une petite expérience au Trackman, collé une étiquette sur la face d’un fer 7 (mesure encore moins discutable qu’au Trackman, c’est vraiment la zone impactée qui ressort).
Une expérience du sweet spot
Test réalisé sans trucages… à savoir, je ne me suis même pas échauffé, j’ai commencé à mesurer des coups au bout de la deuxième balle (la première a été topée).
Je n’ai tapé un total que de 7 coups dont je vous présente le résultat ci-après :
La première balle, bien en équilibre, relâché, sans chercher à « trafiquer » la vitesse de la tête de club est prise légèrement vers la pointe.
Le résultat au Trackman n’est pas si vilain (1.32 de smash factor) avec une vitesse de swing raisonnable (73 mph).
Surtout, la balle est pratiquement un trait au centre du fairway à la faveur d’un faible écart entre le chemin de mon club (3.8 degrés intérieur-extérieur), et la position de la face à l’impact (0.6 degrés).
Et pourtant, le coup n’est pas parfaitement dans le sweet spot.
Le second coup est plus méchamment décentré vers la pointe…
Effectivement, le smash factor baisse à 1.29 de rendement, mais comme la vitesse de swing a augmenté, la distance parcourue est supérieure (130 mètres contre 125 mètres pour le coup précédent). La direction du coup est encore un trait… et pourtant la balle est très décentrée. Cela ne peut pas être une erreur de mesure du Trackman puisque c’est « l’étiquette » qui ne peut pas mentir.
Troisième coup, cette fois, j’ai parfaitement centré (réalisé sans trucage).
Oui, le smash factor est effectivement monté à 1.36, alors que la distance « explose » à 142 mètres !
Cela étant, j’ai perdu le contrôle de la direction du coup envoyé à 8 mètres à gauche du centre du fairway !
Et surtout, l’augmentation de la distance comme le smash factor sont imputables à une faute technique : La face fermée à l’impact (même si pas mesurée par le Trackman ici).
Morale de l’histoire, doit on prioriser le fait de centrer les balles ?
Pour moi, si vous pensez à cela, votre golf est mort ! Vous allez vous éloigner du vrai objectif. Envoyer la balle dans la bonne direction.
Toucher le sweet spot, c’est la cerise sur le gâteau. Tant mieux, si cela arrive mais pas au détriment de tout le reste, et notamment en premier le contrôle de la trajectoire.
La recherche du sweet spot n’est pas un objectif absolu pour un amateur.
Au bout de 7 balles, ci-dessus, le résultat de ma série… On peut dire que j’ai globalement centré la balle dans la face.
On retrouve ci-dessus le résultat global : Un smash factor dans la bonne moyenne, soit 1.33 !
Cependant, on voit aussi une certaine dispersion latérale des coups et de plus ou moins 11 mètres pour une distance totale de 136 mètres.
Plus que de chercher le sweet spot, j’aurai plus intérêt à réduire la dispersion, en me préoccupant bien plus de mon rythme, de mon équilibre, et surtout la direction de mes coups.
Au passage, sur 7 balles, il n’y en a pas deux qui sont identiques…