A la suite de la revue des chaussures Under Armour Charged Draw RST, et toujours dans la catégorie « moins de 100 euros la paire », nous nous sommes intéressés à la Sketchers Go Golf Max, acheté sur le site Clubhouse Golf pour 89 euros. Cette fois, il s’agit d’un modèle sans crampons ou « spikeless », et pour le besoin du test, Porté tout l’été pour constater le niveau d’usure en même temps que le confort ou le maintien. En a-t-on pour son argent ? Sketchers peut-elle réellement rivaliser avec FootJoy, Puma, Under Armour, Nike et Adidas ? Le rapport qualité-prix ou durabilité-prix est-il bon ? Sont-elles utilisables toute l’année ?
Un mot sur la marque Sketchers
Marque légèrement moins connue dans l’univers du golf, par le biais d’un sponsoring visible avec l’américain Matt Kuchar ou la canadienne Brooke Henderson, Sketchers a justement réussi à se rendre plus visible sur les greens depuis quelques années.
Fondée il y a moins de 30 ans, c’est une marque jeune, et aussi par son positionnement marketing d’origine qui visait plutôt les skatepark.
La société initiée par Robert Greenberg en 1992 avait pour objectif de s’imposer comme une marque à la fois « lifestyle » à l’américaine avec des inspirations « Californiennes » assumées, et en même temps se positionner sur le segment incontournable de la performance sportive.
La véritable performance de la marque Sketchers a été de se hisser en moins de trente ans dans le top-3 des marques « Athletic footwear » aux Etats-Unis, le segment de la chaussure de sport.
Et dans ce segment, le golf est souvent porteur d’opportunités, surtout depuis qu’un virage a été pris pour moins de qualité, moins de durabilité, et plus d’effet de modes pour des chaussures pouvant être vendues plus de 100 ou même 200 euros, et donc renouvelées fréquemment.
C’est effectivement le revers de la médaille d’une tendance qui pousse les marques à vanter des produits plus légers, plus techniques, mais aussi plus fragiles.
Bien que la marque Sketchers soit installée à Manhattan Beach en Californie, sur les étiquettes des produits que nous avons achetés, il y a bien indiqué « Made In China ».
Sur la question de la qualité, la marque n’a donc pas fait le choix de se démarquer de ses principaux concurrents, pour plutôt livrer le match sur le terrain du style, de la communication, et du marketing.
La marque qui a connu une progression fulgurante dans ce segment très bagarré a connu son lot de conflits et procès commerciaux, notamment en 2012 quand elle a subi une action en justice collective menée par la « Federal Trade Commission » américaine pour 40 millions de dollars, ou plus récemment, en 2019, Nike l’a accusé de s’être trop inspiré de son modèle VaporMax.
Encore plus récemment, cet été, c’est la justice Française qui s’est intéressé de près à la marque pour une suspicion de travail forcé de la part d’une minorité, les ouighours.
Associate Press rapporte ainsi qu’une plainte a été déposée en France contre “plusieurs multinationales de l’habillement”, à savoir Inditex, Uniqlo, SMCP et Sketchers, pour recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité. Déposée devant le tribunal judiciaire de Paris, la plainte entend dénoncer “l’impunité de ces acteurs face aux violations commises dans le cadre de la mondialisation économique”.
Le site spécialisé Fashion Network ajoute « Le communiqué des plaignants indique que les informations publiques disponibles à ce jour montrent qu’Inditex, Uniqlo, SMCP et Sketchers continueraient de sous-traiter une partie de leur production dans la région du Xinjiang. Ou de commercialiser des biens utilisant du coton produit dans la région. Selon plusieurs ONG, cette zone concentrant 20% de la production mondiale de coton emploierait couramment le travail forcé des Ouïghours. »
A noter encore, et toujours selon cette même source « Pour les ONG derrière la plainte déposée à Paris, la question des Ouïghours vient souligner l’importance de la future directive européenne sur le devoir de vigilance, “qui sera élaborée dans les prochains mois et devra répondre à ces enjeux cruciaux”. Le 10 mars dernier, les parlementaires européens ont en effet voté un projet d’initiative portant sur le devoir de vigilance, posant les bases d’un contrôle accru des entreprises et de leurs filiales ».
Avant d’acheter cette paire de chaussures pour le test (juin 2021), nous n’avions pas encore connaissance de cette information.
Toutefois ce débat concernant la provenance des produits, l’origine de leur fabrication, la qualité finale, et le prix demandé par les consommateurs doit nous interroger sur nos habitudes de consommations, et la quête du toujours plus pour toujours moins…
Le test des chaussures Sketchers pour le golf, et en-dehors des greens
En plus du modèle GoGolf Max, nous avions aussi acheté plusieurs modèles non pas pour le golf, mais plus Streetwear, et toujours dans la même catégorie de prix, d’une part, pour rattraper notre retard dans la connaissance de cette marque, jamais traitée auparavant sur JeudeGolf, et aussi pour pousser notre enquête le plus loin possible sur un aspect bien particulier, et souvent oublié dans les revues de chaussures : La durabilité ou réelle qualité.
Depuis quelques années, tous les golfeurs, et toutes les golfeuses pourront constater par eux-mêmes la tendance de tous les acteurs du marché de la chaussure de golf vers des produits qui sont très jolis la première fois que vous les portez, et puis au bout de quelques utilisations, ressemblent à de vieilles savates.
Au moment où parle moins d’obsolescence programmée dans l’actualité, le secteur de la chaussure de golf pourrait être ausculté de plus près.
A titre de rappel, notre dernière revue de la chaussure Under Armour a montré que la surface externe de la chaussure avait été usée après avoir été portée seulement trois fois !
Concernant la GoGolf Max, la première bonne surprise vient justement de la surface externe de la chaussure qui après trois mois d’utilisations n’a pas subi la moindre usure précoce.
Clairement, aucun témoignage d’usure avancée sur toute la surface de la chaussure, pour ce modèle qui n’est pas garanti waterproof, et se destine plutôt à un usage estival avec sa finition souple en tissu sur le dessus du pied.
A son sujet, Sketchers parle de « style athlétique avec une performance versatile », ce qui nous semble ne vouloir rien dire d’intelligible pour une chaussure de golf.
A force de trop faire de marketing, les marques s’enfoncent dans des définitions qui ne riment à rien.
La marque explique cependant mieux son produit quand elle affirme « chaussure décontractée très légère et confortable » ce qui pour le coup est beaucoup plus compréhensible, et se retrouve quand vous les mettez aux pieds.
Chaussures au profil bas (en comparaison avec des modèles plus montants), le dessin a été imaginé pour une marché naturelle sur tout type de terrains, ce que nous pouvons confirmer pour l’avoir testé aussi bien au Golf du Luberon qu’au Golf de Saint-Cast en Bretagne.
La semelle externe apporte à la fois un bon maintien, et supporte assez bien le talon, même quand est assez lourd (plus de 100 kilos).
Chaussures de golf plutôt à privilégier pour l’été quand les terrains sont secs (waterproof pas garanti), les picots sous la semelle étaient clairement le centre de notre intérêt pour ce test, et notamment l’adhérence au sol pendant un swing.
Sur ce point, le test a été très rassurant. On peut très bien oublier d’enlever ces chaussures pour conduire avec, car elles sont justement confortables, et swinguer sans craindre de perdre l’équilibre ou de glisser.
Sur l’aspect purement golfique, marche ou swing, rien à redire contre cette paire de chaussures. Le compte y est.
Confort : top, maintien : top, look : top, prix : très bien, usure extérieure : rien à redire au bout de 3 mois…
Y-at-il quelque chose à redire ?
Oui, et c’est un trait commun à toutes les chaussures Sketchers essayées sur une période de moins de 6 mois, à l’intérieur du chausson, au talon, le tissu qui recouvre la mousse perce très/trop rapidement, ce qui finit de nous rappeler qu’il s’agit de chaussures… à moins de 100 euros.
Il y a clairement une non-qualité au niveau de la zone de frottement la plus évidente, le talon !
C’est un gros point noir commun à tous les modèles testés chez Sketchers, et qui à la longue, est susceptible de favoriser des ampoules à cet endroit précis.
Il ne fallait sans doute par rêver pour un produit vendu 90 euros (plus de 580 francs pour les plus anciens), la qualité ne pouvait pas être parfaite, et durable.
Cela étant, c’est pour l’instant le seul point d’usure relevée sur la paire qui d’aspect extérieure reste très correct après 3 mois d’usages (environ 12 parties de 18 trous), et ne demande pas d’entretien particulier (ce n’est pas du cuir).
En revanche, plutôt que de ne pas garantir l’effet waterproof, Sketchers gagnerait à expliquer que ce produit n’est pas du tout imperméable.
En effet, pour les avoir testés en septembre, tôt le matin sur un parcours légèrement humide, au bout de trois trous, vous avez en effet les pieds trempés ! A la fin de la partie, vous pouvez passer vos chaussettes au sèche-linge ! Par conséquent, le maintien du pied dans la chaussure est beaucoup moins bon. Clairement ces chaussures ne sont à recommander que pour l’été, et par temps sec. A proscrire totalement, même quand le matin, il y a seulement de la rosée sur le fairway !
Finalement, des chaussures de golf à utiliser de mai à août… soit seulement quelques mois dans l’année.